Demographie: 🍼👶Le réarmement des utérus attendra (ou pas)”
- Advocaciz
- 28 mars
- 2 min de lecture
La France vieillit. La natalité recule. Le solde naturel (naissances – décès) s’effondre. Et pourtant, selon les toutes dernières projections publiées cette semaine par l’Ined, la population ne va pas s’évaporer demain matin. On atteindra un petit pic à 70 millions d’habitants dans les années 2040, avant de redescendre doucement vers les 68 millions d’aujourd’hui à l’horizon 2070. Bref, pas de panique. Juste un peu de biologie qui fait son travail.
Mais dans ce pays où tout est potentiellement sujet à grand plan présidentiel, il n’en fallait pas plus pour que le chef de l’État sonne l’alerte : il faut “réarmer” la natalité.
Comprendre : la France manque de bébés, donc il faut remettre les utérus au travail. Avec vigueur. Avec stratégie. Avec gravité.
Le diagnostic, lui, est plus nuancé : si les Françaises ont moins d’enfants, ce n’est pas (uniquement) par paresse patriote. C’est aussi parce que la réalité pèse : instabilité économique, anxiété climatique, aspirations autres que la famille nucléaire version 1965. Et surtout, parce que personne n’a envie de procréer sous injonction présidentielle.
Pendant ce temps-là, l’Ined précise que le moteur de la croissance démographique, aujourd’hui, c’est l’immigration. Et que l’enjeu, ce n’est pas de multiplier les berceaux, mais d’intégrer dignement celles et ceux qui arrivent, avec leurs bras, leurs rêves, leurs enfants déjà nés.
Et sur les retraites, parlons chiffres : les immigrés représentent environ 10 % de la population active. Ils sont plus jeunes, travaillent plus, cotisent autant que les autres (souvent plus longtemps), et perçoivent moins de prestations. Leur contribution nette au système social est légèrement positive, selon France Stratégie. Bref, ils financent les retraites. Mais curieusement, on préfère leur demander de s’intégrer que de dire merci.
Le seul point sur lequel tout le monde s’accorde : la France vieillit. Là, pas besoin de discours martiaux : les chiffres s’en chargent. La génération des baby-boomers approche les âges de forte mortalité, les plus de 75 ans explosent, les plus de 85 ans suivront. C’est moins photogénique qu’un nouveau-né, mais bien plus certain.
Alors avant de parler “réarmement”, peut-être faudrait-il juste reconnaître que la démographie n’est pas une arme, mais une donnée.
Et que ce pays, s’il veut tenir debout, ferait mieux de s’occuper sérieusement de ses vieux, de ses jeunes… et de ses migrants. Plutôt que de fantasmer un redressement par l’utérus.